Des pipelines transportant de l’hydrogène à la gestion des émissions, l’industrie pétrolière et gazière du Canada investit dans des options faibles en carbone afin de se transformer.  

Les attentes des consommateurs, des investisseurs et des employés évoluent en raison du changement climatique. Et ils espèrent que les entreprises ouvrent la voie non seulement à un avenir faible en carbone en gérant leurs propres émissions et leur empreinte environnementale et en adoptant des carburants plus faibles en carbone, mais aussi en aidant leurs clients, leurs sous-traitants et les collectivités à leur emboîter le pas.

De nombreuses grandes entreprises internationales et canadiennes se sont fixé comme objectif d’être carboneutres d’ici 2050. Cela signifie qu’elles ne produiraient pas d’émissions ou qu’elles les compenseraient au moyen de mesures comme planter des arbres ou employer des technologies de capture du carbone avant qu’il ne soit libéré dans l’air.

De nombreuses entreprises pétrolières et gazières investissent dans des initiatives de développement durable afin d’améliorer leur performance environnementale tout en investissant dans des formes d’énergie à plus faible teneur en carbone ainsi que dans des produits et services de consommation correspondant à leur champ d’activité principal. Par exemple, Suncor est associée à quatre parcs éoliens, en plus d’être un investisseur important dans une entreprise de biocarburants et dans une entreprise s’affairant à la mise en point de carburéacteur écologique. Elle a aussi aménagé un réseau pancanadien de plus de 50 bornes de recharge rapide pour véhicules électriques (VÉ) à ses stations-service Petro-CanadaMC. Ces stations ne se trouvent à pas plus de 250 kilomètres de distance les unes des autres pour qu’une borne de recharge soit à portée de main sur la Transcanadienne électriqueMC, éliminant par le fait même l’un des grands obstacles à l’adoption des VÉ.

Les entreprises pipelinières et les entreprises de services pétroliers et gaziers sont également en train d’ajuster leur tir pour inclure les sources d’énergie de rechange. Par exemple, des entreprises pipelinières comme Enbridge sont en train d’élargir leur portefeuille de produits pour inclure des formes d’énergie à plus faible teneur en carbone, comme l’hydrogène, et améliorent leur performance environnementale en se servant de technologies numériques de détection de fuites afin de diminuer le délai de réaction et d’améliorer l’analytique prédictive. Les entreprises de services pétroliers et gaziers affectent leur main-d’œuvre, leur équipement et leur technologie à des projets géothermiques. Elles se servent d’appareils de forage polyvalents et d’appareils de forage mobiles pour diminuer le nombre de camions sur la route, réduire les émissions et atténuer les incidences sur l’environnement.

L’industrie pétrolière et gazière joue un rôle important dans l’innovation et le déploiement de technologies visant à diminuer les émissions et l’empreinte environnementale. Elle se classe au premier rang des dépenses en technologies propres au Canada. Les innovations en matière de technologies propres dépendent de l’apport de scientifiques, de chercheurs et de ressources faisant l’objet de coentreprises, de collaborations et de partenariats, comme Canada’s Oil Sands Innovation Alliance, le Réseau d’innovation pour les ressources propres et Emissions Reduction Alberta, en plus d’accélérateurs de technologies propres comme Avatar Innovations Inc. et du financement de concours par l’intermédiaire d’Alberta Innovates et d’Innovation Saskatchewan. Elles dépendent également des incitatifs liés aux politiques et aux programmes des paliers fédéral et provincial pour le soutien de la transition énergétique, car à elles seules, les forces du marché ne suffisent pas. Il existe également des programmes financés par le gouvernement pour la réduction du méthane et pour l’hydrogène.

Outre les activités pétrolières et gazières traditionnelles, les « secteurs énergétiques adjacents » sont en plein essor au moment où le Canada s’efforce de devenir un chef de file du développement d’énergies à faibles émissions de carbone. Ces secteurs sont détaillés ci-dessous : 

  • Énergies renouvelables – Grâce à son vaste territoire et à sa géographie diversifiée, le Canada possède de grandes quantités de ressources renouvelables (comme l’énergie éolienne et l’énergie solaire) pouvant servir à la production d’électricité.
  • Gaz naturel liquéfié (GNL) – Le GNL permet de desservir les marchés avec du gaz naturel quand l’accès pipelinier n’est pas possible. Le développement du secteur du GNL change la donne au sein de l’industrie énergétique canadienne, notamment parce qu’il procure de nouveaux débouchés internationaux à la production excédentaire et qu’il permet de répondre à la demande mondiale croissante. Le GNL est une source d’énergie durable. Il permet d’accroître la sécurité énergétique de certains pays et de supplanter des combustibles à plus forte teneur en carbone, comme le diésel et le charbon. Au moins cinq projets de GNL ont été proposés sur les côtes ouest et est du Canada : le projet de LNG Canada en Colombie-Britannique est en cours, et quatre autres projets (Kitimat LNG, Woodfibre LNG, Énergie Saguenay et Goldboro LNG) en sont à l’état de proposition.
  • Hydrogène — Selon Clean Energy Canada, le Canada figure parmi les dix plus grands producteurs d’hydrogène au monde. Grâce à sa production annuelle d’environ trois millions de tonnes destinée à l’usage industriel, le Canada génère environ 4 % de la production mondiale totale. Les paliers de gouvernement fédéral et provincial ont annoncé des stratégies, comprenant des incitatifs fiscaux, visant à stimuler le développement de l’économie de l’hydrogène au Canada, dont le potentiel est estimé à un milliard de dollars.
  • Énergie géothermique — Le développement de l’industrie géothermique canadienne pourrait donner lieu à la création de plus de 5 000 nouveaux emplois pour les entrepreneurs en forages pétroliers et gaziers de même que pour les travailleurs des services pétroliers supplantés, car grand nombre des compétences de ces domaines sont transférables.
  • Captage, utilisation et stockage du carbone (CUSC) — Le CUSC est le seul groupe de technologies qui contribue à la fois à la réduction directe des émissions et à l’élimination du carbone afin d’équilibrer les émissions difficiles à éviter. Il s’agit là d’un aspect essentiel des objectifs de carboneutralité. En plus de leur application à l’industrie pétrolière et gazière, il s’agit de technologies valables pour d’autres industries émettrices de gaz à effet de serre (GES). Les entreprises canadiennes de CUSC cherchent des moyens d’utiliser le carbone pour créer des combustibles plus propres ainsi que pour renforcer le béton et l’acier.

Qu’est-ce que tout cela signifie pour la main-d’œuvre de l’industrie énergétique?

Le capital humain de l’industrie pétrolière et gazière canadienne représentera un avantage énorme en matière de transition de la filière énergétique, car la science et les compétences en génie nécessaires à l’extraction, au développement, à la production, à la transformation et à l’exportation du pétrole et du gaz sont transférables à différentes formes d’énergie, comme l’énergie éolienne, l’énergie solaire, la biomasse et le GNL.

Par exemple, l’expertise en forage, en complétion et en services de puits est nécessaire au développement de l’énergie géothermique; les compétences en maintenance préventive sont nécessaires pour l’énergie solaire, l’énergie éolienne, l’hydrogène, le GNL et les biocarburants; et les compétences en mesure, en réduction et en rapport des émissions sont nécessaires pour toutes les formes de technologies propres, de fabrication des produits pétrochimiques, de biocarburants et de GNL.

Par ailleurs, les pratiques évoluent au point où les entreprises énergétiques intègrent non seulement des paramètres d’environnement, de société et de gouvernance (ESG) à toutes leurs activités, mais elles veillent aussi à ce que leurs organigrammes tiennent compte des rôles et des responsabilités donnant lieu à la création, à la mesure, à la surveillance et au rapport de ces paramètres vis-à-vis de divers intervenants, y compris les organismes de réglementation. Ces rôles visent les domaines de l’environnement, de la sécurité, des relations avec la communauté et les intervenants, de la réglementation, des affaires gouvernementales et de la durabilité. Selon la publication de PetroLMI intitulée Perspectives du marché du travail de l’industrie de 2021 à 2023 : l’industrie pétrolière et gazière, le nombre de postes liés à ces domaines dans tous les sous-secteurs de l’industrie pétrolière et gazière affiche une augmentation.

Le rendement du marché des entreprises de technologies d’énergies propres est un mécanisme autoperpétué pour attirer les capitaux d’investissement. Les politiques gouvernementales vont s’orienter vers de plus grandes mesures d’encouragement, mais de plus en plus, ce seront les sociétés et leurs investisseurs qui financeront la prochaine vague de décarbonisation. 

[traduction libre] – Peter Tertzakian, directeur adjoint de l’ARC Energy Research Institute

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