Alors que le secteur canadien de l’énergie peine à attirer des employés qualifiés et à éviter la pénurie de main-d’œuvre, il existe des possibilités pour les entreprises de puiser dans un bassin de talents situé à proximité, plus précisément chez les peuples autochtones. Mais pour saisir ces occasions, il faut bien s’y prendre : il faut de l’engagement, de la sensibilité, du temps, de la vulnérabilité et du travail acharné.

Pour créer un milieu de travail inclusif et diversifié, il est essentiel de mobiliser les communautés et les peuples autochtones d’une manière respectueuse et adaptée à leur culture, ce qui signifie plus que simplement cocher une case. En effet, il faut établir des relations significatives et promouvoir la responsabilité sociale.

Pourquoi est-ce important?

Le secteur de l’énergie du Canada est un important employeur des peuples autochtones (les Premières Nations, les Métis et les Inuits), et la main-d’œuvre autochtone croît constamment.

Selon le Recensement de 2021, les peuples autochtones représentaient plus de 7 % de la main-d’œuvre dans le secteur de l’énergie, ce qui dépassait la moyenne nationale de 4 %, tous secteurs confondus. De ce pourcentage, 18 % étaient des femmes autochtones, 10 %, des jeunes de 15 à 24 ans, et 15 %, des personnes de 55 ans et plus. On retrouve la plus importante participation des Autochtones dans le secteur de l’énergie en Alberta, qui est constitué d’environ 60 % de travailleurs autochtones.

 Les cinq principales professions du secteur de l’énergie que les membres des peuples autochtones choisissent sont les suivantes :

  • Conducteurs d’équipement lourd
  • Manœuvres d’appareils de forage et de plateforme de maintenance et personnel assimilé
  • Opérateurs de salle de commande centrale et de conduite de procédés dans le raffinage du pétrole et le traitement du gaz et des produits chimiques
  • Conducteurs de camions de transport
  • Entrepreneurs et surveillants du forage et des services reliés à l’extraction de pétrole et de gaz

Ce profil d’emploi met en évidence le rôle crucial que jouent les peuples autochtones dans la main-d’œuvre du secteur et leur contribution importante et croissante au paysage énergétique du Canada.

Il convient de noter que les jeunes autochtones sont parmi les groupes démographiques qui connaissent la croissance la plus rapide au Canada. Ils représentent ainsi une occasion de former une main-d’œuvre pour l’avenir énergétique du pays.

Dans le rapport de 2020 du Forum des politiques publiques, Portrait de la situation : l’acquisition de nouvelles compétences et l’emploi chez les Autochtones au Canada, on estime qu’environ 350 000 jeunes autochtones atteindront l’âge de travailler d’ici 2026. Ce court laps de temps signifie qu’il est essentiel de s’attaquer au manque de compétences essentielles chez les jeunes et les adultes autochtones, ainsi qu’au sous-emploi des travailleurs autochtones qualifiés.

« Si cette cohorte reçoit l’appui nécessaire pour développer des compétences de base par l’accès à une éducation, à des compétences et à une formation de qualité, ciblées et culturellement adaptées, elle pourra doper l’économie du pays de 27,7 milliards de dollars annuellement. »

Forum des politiques publiques

 Voici les neuf compétences que recherchent les employeurs, comme l’indique Compétences pour réussir :

  • Lecture
  • Rédaction
  • Calcul
  • Compétences numériques
  • Résolution de problèmes
  • Communication
  • Créativité et innovation
  • Collaboration
  • Adaptabilité

Quelques chiffres

  • En 2021, l’âge moyen des Autochtones était de près de 9 ans inférieur à celui de la population non autochtone, soit 33,6 ans pour les Autochtones et 41,8 ans pour la population non autochtone.
  • Les jeunes de 15 à 24 ans représentaient 17 % de la population totale des peuples autochtones. Il s’agit là d’une proportion plus élevée que celle de la population non autochtone (12 %).

Ce que vous pouvez faire – embaucher et maintenir en poste des travailleurs autochtones

La sensibilisation et la sensibilité culturelles sont essentielles au recrutement et au maintien en poste d’employés autochtones. Les organisations doivent prendre le temps de s’informer et de renseigner leur personnel sur l’histoire, la culture et les valeurs des communautés autochtones dans leur région et les environs, ainsi que dans les régions où elles recrutent. Il est également important de favoriser un milieu de travail adapté aux besoins culturels des employés autochtones.

L’augmentation du recrutement d’Autochtones exige de changer les pratiques d’embauche afin qu’elles rendent les possibilités de carrière plus accessibles pour eux. Les entreprises peuvent supprimer les exigences non essentielles des offres d’emploi : trop de qualifications peuvent décourager les bons candidats de postuler. Les entreprises devraient également reconnaître que les gens peuvent avoir les compétences nécessaires même s’ils n’ont pas une vaste expérience ou un niveau de scolarité précis.

Les employeurs doivent tenir compte de l’effet que les différences culturelles peuvent avoir sur l’expérience dans le cadre d’une entrevue. Certains Autochtones pourraient considérer que le fait de souligner leurs réalisations individuelles est une façon de se vanter. Alors, ils parleraient plutôt de ce qu’ils ont accompli en tant que membres d’un groupe. Une variété de valeurs et d’enseignements autochtones ont une incidence sur la capacité d’un candidat d’être fier de ses compétences, de son expérience ou de son expertise. Par exemple, envisagez de créer des questions qui permettent le partage. Il est également essentiel que les organisations en apprennent davantage sur les liens historiques entre les peuples autochtones et le Canada.

La création de milieux sécurisants et inclusifs sur le plan culturel encourage les employés autochtones à rester, car ils démissionnent souvent en raison de stéréotypes négatifs et d’un manque de sensibilité sur ce plan. Voici quelques moyens que les entreprises peuvent prendre pour maintenir les travailleurs autochtones en poste :

  • Faire des recherches sur les pratiques culturelles propres aux communautés d’où proviennent les travailleurs autochtones. Le Canada compte plus de 650 communautés inuites et métisses et communautés des Premières Nations, alors les façons culturelles de connaître et d’être varient d’une communauté à l’autre.
  • Offrir une formation de sensibilisation aux cultures autochtones aux travailleurs et aux dirigeants, comme une formation de sensibilisation et des séances d’information avec des aînés et des gardiens des savoirs des communautés.
  • Faire preuve de sensibilité et de proactivité pour éliminer les obstacles auxquels sont confrontés les peuples autochtones, par exemple, le racisme, la pauvreté, les communautés éloignées et les traumatismes découlant des séquelles laissées par les pensionnats.
  • Prévoir des politiques de travail souples pour tenir compte des activités culturelles, des traditions et des limites pratiques, notamment un accès au transport, aux services de garderie et à la technologie.
  • S’engager à embaucher continuellement des Autochtones afin que les travailleurs puissent établir des liens avec leurs pairs et des personnes qui peuvent servir de modèles, et prévenir le sentiment d’isolement au travail.
  • Offrir la possibilité aux employés autochtones expérimentés de faire du mentorat et de l’encadrement et envisager de faire participer des aînés et des gardiens des savoirs à ces programmes.
  • Fournir des cheminements clairs pour de l’avancement professionnel et inclure toute la formation pour développer les compétences nécessaires.

Ce que vous pouvez faire ‒ participation des communautés

Les employeurs peuvent contribuer aux communautés autochtones et créer un milieu de travail plus inclusif en favorisant une culture de respect, de compréhension et de collaboration.

Il est essentiel de collaborer et de consulter les communautés autochtones avant de mettre en œuvre des politiques, des programmes ou des projets. Les faire participer au processus décisionnel témoigne du respect de leurs connaissances et de leurs droits.

Soutenir les communautés autochtones au moyen d’initiatives de responsabilité sociale d’entreprise, que ce soit par l’entremise du bénévolat, de la fourniture de ressources, de la collaboration à des projets communautaires ou autre, permet d’établir une relation de confiance. La communication transparente et la responsabilisation à l’égard des mesures et des décisions liées à la mobilisation des Autochtones sont également des éléments cruciaux.

Les organisations doivent reconnaître et respecter la valeur des connaissances et des pratiques autochtones traditionnelles. Elles doivent aussi obtenir régulièrement des commentaires des employés et des communautés autochtones afin d’améliorer leurs efforts et de s’adapter à l’évolution des besoins.

« […] les relations et les partenariats étroits avec les entreprises et les communautés autochtones de partout au Canada jouent un rôle essentiel dans la réussite de notre industrie. […] une industrie forte du pétrole et du gaz naturel offre aux collectivités autochtones d’importantes perspectives d’emploi et de développement des affaires, ce qui permet d’ouvrir la voie à une plus grande prospérité tout en appuyant les objectifs de réconciliation du Canada. »

Tim McMillan, ANCIEN PRÉSIDENT ET CHEF DE LA DIRECTION DE L’ASSOCIATION CANADIENNE DES PRODUCTEURS PÉTROLIERS

L’apprentissage et l’éducation continus sur les relations avec les Autochtones sont nécessaires pour avoir des effets durables sur les plans personnel et organisationnel. On recommande aux employeurs d’accéder à des cours en ligne gratuits où l’on explore l’histoire et les perspectives diverses des peuples autochtones au Canada.

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